Le ski est un sport très populaire que des millions de personnes dans le monde apprécient. Il s’agit d’un sport à part entière qui existe en quatre disciplines et chacune d’elles mobilise des athlètes professionnels.
Cependant, il convient de savoir que c’est un sport dans lequel les femmes et les personnes homosexuelles sont moins représentées. La plupart des personnes homosexuelles dans le ski restent dans le placard contrairement aux autres sports où nombre d’entre elles ont déjà révélé leurs identités sexuelles.
Ceci soulève la question de savoir si le ski est un sport accueillant et ouvert à la communauté LGBT. Je vous invite à découvrir dans ce billet, la place de l’homosexualité dans l’univers du sport de ski.
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Chapitre 1 : Ce champion de ski fait son coming-out : “Je suis prêt à être heureux”
Deux fois champion des États-Unis, Hig Roberts a déclaré dans une interview accordée au New York Times, son homosexualité. Il devient ainsi le premier skieur alpin d’élite masculin à se déclarer publiquement gay, dans l’espoir d’encourager les autres à être eux-mêmes.
1.1. Hig Roberts : le premier skieur alpin d’élite masculin a fait son coming-out
Alors qu’il se préparait à dévaler les pentes du nord du Vermont lors d’un événement en mars 2019, Hig Roberts a décidé que ce serait sa dernière course en tant que skieur alpin professionnel. C’était la veille de son 28e anniversaire, il participait à la Coupe Nor-Am au lycée où il s’était entraîné.
Roberts s’était fait un nom parmi l’élite internationale du ski alpin, un sport où la vitesse, la force et la concentration sont la devise. Bien qu’il ait manqué une place dans l’équipe américaine pour les Jeux olympiques de Pyeongchang en 2018, il a pris 31 départs en Coupe du monde.
Il a également participé à la compétition pour l’équipe américaine de ski et a remporté deux titres nationaux.
Source : usskiandsnowboard
Malgré ces succès, son esprit s’éloignait de la compétition chaque fois qu’il se préparait à descendre une montagne à 80 ou 90 km/heure. À cette allure, la moindre erreur d’un skieur peut le conduire à la mort.
Roberts estime que le fait de ne pas pouvoir déclarer son identité sexuelle entrave ses performances en tant que skieur professionnel.
Il est le premier skieur alpin masculin, actuel ou ancien, de sa renommée à s’afficher publiquement comme homosexuel dans un sport considéré comme fermé.
Source : nyt
Roberts est récemment rentré aux États-Unis après avoir quitté le sport pour travailler dans la finance en Norvège. Il explique que son coming-out vise à encourager les jeunes skieurs à concourir au plus haut niveau, quelle que soit leur sexualité.
Roberts s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas continuer à pratiquer le sport sans essayer d’être la personne qu’il est réellement. Malgré qu’il se sent chanceux pour tous les avantages qu’il jouit en tant que skieur, il s’est donné pour objectifs d’exprimer son authenticité. Roberts était convaincu que cela lui permettrait d’atteindre le bonheur.
Il rejoint ainsi les rares athlètes LGBTQ à avoir fait leur coming-out. D’une manière générale, il y a très peu d’athlètes qui se déclarent homosexuelles dans les sports masculins. Les principales ligues des États-Unis d’Amérique ne comptent pas assez de joueurs ouvertement gays en activité.
Bien qu’une poignée d’anciens athlètes aient fait leur coming-out ces dernières années, la présence des personnes LGBT dans le sport est faible.
Source : theconversation
Par contre, les sports féminins comptent beaucoup d’athlètes qui s’identifient à la communauté LGBT. À titre d’exemple, la footballeuse championne du monde Megan Rapinoe est en couple avec la star de la WNB Sue Bird.
Selon Roberts, le ski alpin est un sport dans lequel règne une ambiance très masculine qui oblige les athlètes à se conformer aux attentes de la communauté des skieurs. Cette ambiance est surtout remarquable pendant les compétitions européennes où les athlètes sont de vraies célébrités.
Ils attirent également dans ces périodes l’attention des femmes en tant que skieurs professionnels. Par ailleurs, de nombreux athlètes déclarent que la nature solitaire du ski reste un obstacle majeur pour les personnes qui aspirent à le pratiquer comme profession.
Source : usskiandsnowboard
Le sport du ski est entouré d’une atmosphère générale qui lui est propre. Il dispose d’un écosystème unique qu’il est important de comprendre. C’est une discipline entière qui est isolée des autres sports qui possède ses propres médias et ses produits.
1.2. Le parcours de Hig Roberts dans le ski
Élevé dans le centre de ski de Steamboat Springs (Colorado), Roberts se souvient toujours de la première fois où il a chaussé sa paire de skis. Il avait à peine 2 ans.
À l’âge de 9 ans, avant sa première grande compétition, il s’est fracassé le fémur dans un accident qui, selon ses parents et ses médecins, allait mettre fin à sa carrière de manière prématurée. Mais il avait le sens de la compétition et un penchant pour les pistes.
Source : nyt
Ainsi, Roberts, qui était également petit pour son âge, est revenu d’une opération risquée et s’est entraîné plus longtemps et plus durement pour se prouver à lui-même et aux autres qu’il avait sa place.
Vers l’âge de 12 ans, il a commencé à se demander s’il était gay, mais il a rejeté cette idée. D’après ce qu’il avait vu au niveau de l’élite et dans sa petite ville de montagne, être gay ne correspondait pas à sa perception du skieur alpin, une image qu’il avait déjà du mal à suivre.
Roberts a finalement réussi à se rendre à la Coupe du monde avec des performances incroyables. Il a été recruté dans l’équipe de ski américaine “B” après avoir obtenu son diplôme en 2014 au Middlebury College dans le Vermont.
Peu de skieurs universitaires rejoignent l’équipe nationale, mais Roberts se distingue aux Jeux mondiaux universitaires de Trentino, en Italie, en décembre 2013. Il réussit cette année à se classer 7e au classement général du Slalom géant alors qu’il était attendu vers les 40e au classement général.
Source : si
Alors qu’il s’élevait dans ce sport et luttait à nouveau avec son identité sexuelle, les pentes sont devenues un havre de paix et le seul endroit où il pouvait descendre librement d’une montagne.
1.3. Jusqu’à ce que son monde s’effondre
En août 2016, le frère cadet de Roberts, Murphy, est décédé après une crise de diabète lors d’une randonnée, une chute et une blessure à la tête. Murphy avait 22 ans.
La perte soudaine de son frère a été un coup dur qui a failli mettre fin à la carrière de Roberts. Il se souvient de Murphy comme une personne incroyablement fantastique de sa vie. Murphy, qui a grandi avec un diabète de type 1.
Source : cdn
Il a enseigné à Roberts l’une de ses plus précieuses leçons : vivre chaque jour en étant véritablement soi-même.
Après une brève pause, Roberts est retourné au ski avec un casque portant le slogan “Send it for Murph”. La perte de son frère et le fait de cacher sa sexualité ont rongé sa santé mentale.
“J’ai commencé à m’épanouir dans les environnements où les choses étaient les plus mauvaises”, a-t-il déclaré. C’est pourquoi, par une journée brumeuse et pluvieuse de 2017 et dans des conditions où personne ne voudrait skier, Roberts a remporté son premier titre national pour le slalom géant à Sugarloaf Mountain.
Il avait devancé le septuple champion national Tim Jitloff de 0,14 seconde. Mais Roberts n’avait pas l’impression d’être un champion national. En 2018, il remporte à nouveau le titre national de Slalom et devient deux fois champion des États-Unis.
Source : out
Il s’était développé tardivement, avait perdu un frère, savait qu’il était gay et n’aimait pas ce qu’il faisait. Ne voyant personne d’autre comme lui, il se demandait s’il était vraiment à sa place.
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Roberts continue à faire du ski de loisir, bien qu’il ne s’attende pas à faire de la compétition comme avant. Il participe toujours à une course annuelle dans sa ville natale, dédiée à Murphy. Et il a hâte de vivre librement, comme son frère lui a appris à le faire.
Aujourd’hui, Roberts ne regrette aucunement son coming-out. C’est plutôt une fierté qui le rend heureux.
Chapitre 2 : Le célèbre skieur acrobatique Gus Kenworthy fait son coming-out
2.1. Qui est Kenworthy ?
Gus Kenworthy est un skieur acrobatique né à Chelmsford en Grande-Bretagne d’une mère britannique et d’un père américain. Il déménage deux ans après à Telluride dans le Colorado où sa passion pour le ski s’est épanouie.
Source : abuwjaawap
Il grandit avec cette passion et intègre un circuit professionnel dès ses 16 ans. Il s’entraîne et participe aux concours avec les garçons de Telluride. Dans les cercles sociaux masculins au sein desquels l’athlète évolue, le terme “gay” est souvent employé comme péjoratif.
Kenworthy n’a cependant pas cessé de croire en sa passion et a participé deux fois aux Jeux olympiques sous le drapeau américain. Il remporte la médaille d’argent à l’âge de 22 ans aux jeux d’hiver de Sotchi en 2014.
Source : akns-images
En 2018, il finit 12e aux Jeux olympiques de Pyeongchang et n’a pas pu décrocher une médaille. Mais Kenworthy pense que la médaille n’est pas la partie la plus passionnante de la compétition.
“Je pense que la leçon que j’ai tirée des Jeux est qu’il est normal de perdre et d’échouer”, a-t-il déclaré dans un courriel.
“Les gens ont tellement peur de cela, et avec les Jeux olympiques, on met tellement l’accent sur la victoire et la médaille, en pensant que c’est la seule façon de rendre leur pays fier. C’est complètement faux”.
Kenworthy veut désormais représenter la Grande-Bretagne aux Jeux olympiques de Pékin 2022 en espérant remporter de nouvelles médailles. Il a été admis à la GB Snowsport par la Fédération internationale de Ski.
Source : gq-magazine
Kenworthy possède en effet un passeport britannique et a suivi tous les protocoles pour changer de nationalité. De plus, la Fédération américaine de ski n’a pas essayé d’entraver la demande d’éligibilité de l’athlète pour la Grande-Bretagne. Kenworthy compte ses performances à sa mère britannique qu’elle considère comme son plus grand soutien.
« Elle a été mon principal soutien. Elle a appris à skier quand j’ai appris à skier. Elle avait 40 ans et moi trois, et nous sommes tombés amoureux de ce sport ensemble » a déclaré Kenworthy à CNN.
« Elle a agité le drapeau américain et m’a soutenu, même si ce n’est pas son pays, et je veux vraiment agiter le drapeau britannique pour la soutenir.«
2.2. Kenworthy, faire son coming-out
Kenworthy a annoncé son homosexualité en 2015 dans le magazine ESPN. Il avait déjà fait son coming-out auprès de ses proches. Contrairement à ses attentes, sa décision a provoqué un énorme élan de soutien que le skieur qualifie d’inattendu.
Source : sportshub
Le soutien de sa famille et de ses amis ainsi que l’envie d’inspirer les plus jeunes qui hésitent à sortir du placard sont les forces qui ont poussé Kenworthy a révélé son identité de genre.
« Je savais que je me sentirais beaucoup mieux parce que j’étais authentique et que cela aiderait peut-être les enfants qui traversent la même transition que moi », a déclaré Kenworthy.
Il estime que le coming-out lui a permis de se sentir en liberté et a contribué à un sentiment de confiance.
Source : guim
Il fait désormais partie de ces quelques skieurs qui s’identifient comme gays et se considèrent comme un athlète en compétition pour la communauté LGBT. Il est aussi devenu un militant des droits des minorités sexuelles et devient un représentant visible pour les personnes LGBT dans le ski.
Chapitre 3 : Le ski est-il ouvert à toutes les personnes LGBT ?
Les personnes LGBT qui ont révélé leur identité sexuelle n’ont pas toutes connu des histoires similaires à celles de Hig Robert et Gus Kenworthy. Ce chapitre est consacré à deux skieurs LGBT dont les carrières ont été arrêtées prématurément.
3.1. La skieuse intersexe Erika Schinegger
Erika Schinegger est une athlète de l’équipe nationale autrichienne de ski qui réalise parfois de meilleures performances que les hommes. Désignée comme fille à la naissance, elle est élevée et a grandi comme telle. Elle se passionne très tôt au ski et établit des records dans les compétitions auxquelles elle participe.
Source : api-kronos
En 1966, elle devient la championne du monde devant la Française Marielle Goitschel et remporte la médaille d’or. Aucune Autrichienne n’avait obtenu de telle performance jusqu’alors. Schinegger a enthousiasmé ses compatriotes qui l’avaient porté sur leurs épaules pour célébrer la victoire.
Source : gettyimages
Elle est nommée l’athlète de l’année et sa ville natale lui a offert un terrain à bâtir. Mais la jeune fille était inquiète puisqu’elle n’avait jamais eu ses règles et ses seins ne poussaient toujours pas.
Dans le cadre des Jeux olympiques d’hiver 1968, les athlètes devaient se soumettre à un test d’identité sexuelle. Les résultats des tests ont horrifié l’urologue examinateur qui s’est exprimé en ses termes : “Je deviens fou. Il y a un homme qui court dans l’équipe féminine autrichienne !”.
Source : wikimedia
Schinegger était la personne soupçonnée à cause de ses performances incroyables et elle est soumise à un deuxième test. Les résultats avaient confirmé les soupçons et les responsables autrichiens du ski ont demandé à la jeune fille de démissionner en avançant des raisons personnelles.
Schinegger avait un chromosome masculin. Elle s’est ensuite rendue à l’hôpital pour effectuer une radiographie. Les résultats ont montré qu’elle porte en elle des organes génitaux masculins. À 19 ans, elle devait choisir la plus grande décision de sa vie : rester femme ou devenir homme.
Elle décide de faire quatre interventions chirurgicales pour devenir « homme ». Après l’opéra, elle est passée de Erika à Erik.
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La championne du monde du ski en 1966 ne serait donc pas une femme et sa ville natale lui a retiré son don de terrain à bâtir. Elle a participé à l’Europa Cup en 1968 et a remporté trois courses. Mais Franz Hoppichler, l’entraîneur, lui a dit qu’il n’était pas le bienvenu dans l’équipe autrichienne.
Schinegger a dû abandonner prématurément sa carrière de skieur professionnel. Il a même rendu la médaille d’or qu’elle a gagnée au Championnat du monde féminin de 1966 à Marielle Goitschel, celle qui avait fini deuxième.
Schinegger a écrit un livre autobiographique en 1988 intitulé : Ma victoire sur moi-même : l’homme qui est devenu champion du monde féminin.
Source : kleinezeitung
L’Académie canadienne de médecine sportive sur les tests sexuels a fait la déclaration suivante en 1997 en ce qui concerne les personnes intersexes :
« Les individus élevés comme des femmes, qui sont psychologiquement et socialement des femmes depuis l’enfance, devraient pouvoir participer à des compétitions féminines, quel que soit leur sexe chromosomique, gonadal et hormonal. »
3.2. La skieuse lesbienne Anja Pärson
Anja Pärson est une skieuse suédoise qui a fait ses débuts à la Coupe du monde en 1988. Mais c’est en 1999 qu’elle que ses succès en Coupe du monde ont commencé. Depuis lors, la jeune femme a collecté au total 19 médailles olympiques et mondiales.
Elle est sortie victorieuse dans 42 duels en Coupe du monde et s’est imposée deux fois comme championne du monde.
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En juin 2012, la star suédoise a mis fin à des années de rumeurs sur son identité sexuelle en annonçant son homosexualité sur la radio suisse, Sommar. Elle a évoqué une relation lesbienne de plus de cinq ans avec Flippa, sa petite amie.
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Pärson était fatiguée de cacher sa relation avec sa petite amie. Elle avait compris qu’elle devrait arrêter d’être quelqu’un pour évoluer dans sa vie. Elle estime qu’elle devrait dire d’abord la vérité à elle-même et au monde pour l’épanouissement de son couple.
Le couple se serait rencontré depuis 2005 et leur amitié s’est ensuite transformée en une relation. Peu après son coming-out, Pärson a mis un terme à sa carrière de skieuse.
3.3. La déclaration d’inclusion pour faciliter l’intégration des personnes LGBT dans le ski aux Etats Unis
Le ski et le snowboard américains ont une déclaration d’inclusion qui intègre l’orientation sexuelle depuis 2018. Mais “peu d’action a été faite pour respecter ces objectifs”, a déclaré Ellen Adams, qui supervise la diversité, l’équité et l’inclusion pour l’organe directeur national du sport.
Dans le cadre d’un examen plus large de l’inégalité raciale dans le pays, l’organisation fait l’objet d’un audit pour identifier des initiatives plus concrètes, comme l’ajout de photos de femmes et de skieurs de couleur dans ses supports médiatiques et l’autorisation d’une option « non binaire » pour l’inscription des membres.
« Si vous ne pouvez pas vous voir sur notre site web, dans les contenus destinés au public, comment savez-vous que vous pouvez le faire ? » a déclaré M. Adams.
Conclusion
De tout ce qui précède, le ski est un sport qui semble fermé où les personnes LGBT ont très peu d’espace pour être représentative. Il existe très peu de skieurs qui ont fait leur coming-out. De nombreuses personnes LGBT redoutent la perte de certaines opportunités dont elles jouissaient.
La réaction lors du coming-out de quelques athlètes a été globalement positive et certains continuent de gagner le respect du public ainsi que de la communauté des skieurs. Mais les skieurs de tous niveaux et les médias sportifs débattent toujours de la question de savoir si l’espace était réellement inclusif.
Les responsables de ski doivent travailler davantage pour rendre le ski ouvert et accueillant afin de faciliter l’intégration des personnes des minorités sexuelles.
