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L’urgence du chemsex chez les hommes gays en temps de Covid

    [TRIBUNE] Nous n’avons pas besoin de jugements et d’opinions mais de mobiliser le soin et d’épanouir les affections.

    Le Covid est une catastrophe pour la communauté gay. Et je ne pèse pas mes mots, c’est une très mauvaise nouvelle. Le virus en lui-même ne semble pas poser plus de problèmes que pour la population générale. Mais l’adaptation opérée par les hommes gays à l’isolement, au vide laissé par l’interdiction de sortir et de se rassembler, impacte de nombreux quotidiens en profondeur et pour le pire.

    Cela fait plus de dix ans maintenant que les cathinones sont utilisées dans les rapports sexuels entre hommes en France et nous pensons, actuellement, qu’environ 1 gay sur 5 est concerné par ce type d’usage, sans bien sûr qu’il soit forcément problématique. Il y a eu principalement la méphédrone en Angleterre et la 3MMC ici, nous étions jusqu’ici relativement épargnés par la Tina (le crystal, la méthamphétamine) mais ces cinq dernières années nous font rattraper nos congénères anglo-saxons.

    Depuis plusieurs années déjà, certains médecins experts en santé gay alertent sur les conséquences du chemsex, certains militants se mobilisent pour amplifier la réduction des risques spécifiques. Et ceux qui ont été témoins des premiers morts du sida ont pu dire que cela leur rappelait le début de l’épidémie et qu’il fallait nous préparer à une vague d’addiction aux nouveaux produits de synthèse utilisés en contexte sexuel. Pourtant, bien que les produits soient devenus plus visibles et disponibles sur Grindr –les profils proposant des chems semblent se multiplier depuis quelques années et se diffuser dans toute la France, même dans les coins les plus reculés– et que leur banalisation font que les personnes s’y mettent sans s’informer plus que ça, leur utilisation et notamment leur injection ne semblait pas exploser au point de mobiliser plus largement. C’est une toute autre histoire qui se dessine depuis mars 2020.

    La situation aujourd’hui a atteint un niveau d’inquiétude inégalé par la fréquence et la gravité des situations rencontrées.

    Certains de mes collègues et moi voyons arriver chaque jour de nouvelles personnes qui, du fait de l’isolement et de l’ennui provoqués par les confinements et le couvre-feu, se sont mises à consommer des produits psychoactifs, trop souvent en slam (par voie intraveineuse), sans avoir la moindre idée de leurs conséquences. Ces consommations dégénèrent rapidement et envahissent la vie des personnes.

    Ce qui venait d’abord comme un soulagement s’avère être finalement une confrontation inévitable avec les démons qu’on avait pris soin de laisser de côté. Et nous voyons prendre forme tout ce qui se trouvait plus ou moins latent dans les parcours de ces hommes: le besoin absolu d’évasion, le vide laissé par le sexe et la fête, l’identité subie, le manque d’affection, d’amour, de connexion et la solitude.

    Aujourd’hui, ils me disent ne parler plus que de «ça», de chemsex, avec leurs patients.

    Avant, mes collègues soignants, déjà experts des mondes de vie gays, luttaient contre le VIH, prenaient en charge les hommes gays séropositifs dans leur globalité, faisaient de la prévention à l’occasion de dépistages… Ils ouvraient les discussions sur toutes les dimensions qu’apportait spécifiquement cette orientation sexuelle. Aujourd’hui, ils me disent ne parler plus que de «ça», de chemsex, avec leurs patients.

    C’est pourtant dans ce premier contexte, il y a cinq ans, que j’ai commencé à travailler dans la santé gay et à suivre mes premiers patients. Puis rapidement la PrEP est arrivée et nous, en tant que communauté, avons commencé à vivre une libération, pour beaucoup, inattendue. Tellement inattendue que cette pilule bleue fait encore peur à de nombreux gays qui ne veulent pas s’y mettre parce qu’elle pourrait les désinhiber dans leur sexualité. C’est dire comme le poids du VIH est ancré en nous. Au point d’intégrer que la seule chose qui peut nous retenir de baiser, c’est d’être soumis à la menace de la contamination et de toute l’histoire que le virus accroche derrière nous.

    C’est en effet une révolution qui s’est entamée avec ce nouveau moyen de prévention. La PrEP vient calmer les angoisses sexuelles et morbides avec lesquelles de nombreux gays se sont construits, souvent différemment en fonction des générations et de l’histoire vécue. C’est, en médecine, une rare satisfaction de pouvoir débloquer autant et instantanément avec le pouvoir du médicament. La PrEP permet toujours ou quasi, d’un coup de baguette magique, d’ouvrir les possibles du sexe entre hommes. Non pas de désinhiber mais de dévoiler ce qui a toujours été là, un plaisir défait du risque d’être puni.

    Ce n’est donc pas «à cause» de la PrEP et de son pseudo-pouvoir désinhibiteur que le chemsex a émergé. Elle n’a pas libéré d’une cage des fauves affamés. Mais elle a fait tomber le rideau, elle a dévoilé tout ce qui nous pèse encore. Et encore plus que le VIH. Elle nous ramène aux réflexions qui se sont, si ce n’est arrêtées, bien ralenties au début des années 1980. Des explorations sur ce que nous sommes, sur qui définit l’homme homosexuel et comment, qui nous construit, comment est-ce que nous bourgeonnons dans notre société. Et en quarante ans, cette société a changé. Mais nous sommes encore obligés de porter de nombreux bagages, de tirer nos casseroles.

    Le chemsex donne la sensation d’être en sécurité, entre nous, dans un monde qui ne nous comprend pas.

    L’homophobie n’a plus les mêmes formes, et le VIH, à la fois catalyseur du militantisme pour les droits des malades et la démocratie sanitaire, et du militantisme pour l’égalité des droits, a redistribué toutes les cartes. Dans notre société actuelle, nous avons plus de puissance mais celle-ci est d’autant plus hétérogène. Le lobby gay fait son travail mais nos solidarités sont bancales: elles continuent d’exclure au sein même de la communauté ceux qui ne sont pas perçus comme en bonne santé, masculins, riches, musclés et blancs.

    Malgré ce positionnement, qui, d’un point de vue d’une société construite sur le même modèle, paraît extrêmement confortable, nous nous construisons toujours pareils: minoritaires, exclus, seuls, avec le sentiment permanent d’être différents et que cette différence nous rend toujours potentiellement moins bons. Nous sommes encore à la fois les objets de mépris, d’incompréhension et de nombreuses fascinations.

    Et le chemsex.

    C’est dans ce contexte de libération et de confrontation qu’il arrive pour soulager cela. Pour nous donner l’impression de ne plus être seuls, pour nous faire vivre de l’harmonie, pour nous rendre amoureux de nos plans sans lendemain. Nous pouvons enfin baiser en se foutant totalement de nos inhibitions anales inculquées ou des questions techniques que nous fait vivre notre cul. Cette psychologie n’intervient plus. Nous pouvons enfin réconcilier notre sexualité, nos fantasmes, nos plaisirs, nos envies de baiser avec nos besoins de créer du lien, de s’attacher, de se rendre vulnérables et insouciants, sans avoir peur d’en souffrir.

    Le chemsex donne la sensation d’être en sécurité, entre nous, dans un monde qui ne nous comprend pas. Et puisque nous comprenons très jeune qu’être homosexuel c’est toujours se battre pour s’imposer face à ceux qui ont toujours leur mot à dire, puisque nous sommes toujours potentiellement moins bons, que vivre comme les autres ne suffit pas, que nous avons toujours plus de raisons d’être insultés ou jugés, nous sommes contraints à repousser les limites de la performance. S’il faut que nous fassions mieux, nous ne supporterons pas d’être médiocres. S’il faut être meilleur, ce sera plus dingue, plus fort, plus long. Et si tout cela nous est servi sur un plateau, nous vivrons l’extase.

    Il y a bien des usagers qui prennent ce type de produits pour la simple explosion du plaisir, pour l’expérience mystique ou pour s’amuser. Mais le «lâcher-prise» n’est jamais bien loin. D’un côté il peut y avoir la fuite d’une vie lourde à porter au quotidien, et de l’autre, celle de barrières imposées par la société dans laquelle nous avons grandi et qui se sont immiscées dans notre lit –j’en ai parlé– notamment lorsqu’il s’agit de pénétration anale.

    Par-dessus cela, les facteurs de risques d’addiction sont très présents dans la communauté gay. L’isolement en est un, l’expérience de traumas et de violences en sont d’autres, et j’ai tendance à penser que la manière même dont se construit l’identité chez les gays, majoritairement autour de la question du sexe (et non du lien affectif comme pour les hétéros) parce que cela leur est imposé, est un facteur de risque de la perte d’indépendance entre ces produits et le sexe. Même ceux qui s’amusent (et je veux dire par là, qui ne compensent pas un manque quelconque) peuvent glisser vers une consommation plus régulière, plus importante, plus envahissante, au point, d’abord de rendre les rapports sexuels sans produits cérébraux et fades, puis de consommer seul, et enfin de persister dans la consommation malgré les conséquences négatives.

    Bien sûr, tous les gays qui vont mal ne consomment pas. Mais c’est d’autant plus inquiétant puisqu’ils sont d’autant plus nombreux. Les difficultés psychologiques de chacun émergent ou s’aggravent pour les mêmes raisons liées à la situation sanitaire et plus globalement. Et on peut noter que le #MeTooGay, en libérant positivement la parole, a aussi réveillé de nombreux traumas difficiles à gérer seul face aux réseaux sociaux. Nous n’avons pas les moyens suffisant d’y répondre, les consultations sont saturées et face au temps que demande la complexité des situations, nous commençons à nous épuiser.

    Les gays qui consomment glissent plus violemment parce qu’ils vont plus mal et ceux qui vont mal se mettent à consommer sans modération.

    De même, tous les gays qui consomment ne vont pas mal. Et c’est tant mieux si certains se maintiennent dans leur quête du plaisir et si d’autres profitent justement de cette période difficile pour rebondir ou diminuer voire arrêter leurs consommations. Parce qu’ils ne se retrouvent plus dans ces mondes de chems post-covid «qui vont trop loin», parce qu’ils trouvent un mec avec qui partager le monde réel, parce qu’ils ont les ressources pour s’adapter à la situation…

    Mais ce que nous voyons, au sein des consultations, c’est aussi un manque criant de ces ressources. C’est que les gays qui consomment glissent plus violemment parce qu’ils vont plus mal et que ceux qui vont mal se mettent à consommer sans modération.

    Il me semble nécessaire de rappeler que les personnes malades d’addiction savent qu’elles se font du mal, elles ne sont pas dupes, mais –et c’est la définition de l’addiction– le produit, la défonce, est tellement intégrée par le cerveau comme essentielle qu’elle prendra le dessus sur tout: les amis, le travail, l’argent, le loyer, les tâches de la vie quotidienne…

    C’est un phénomène à la fois conscient et inconscient, physiologique et psychologique. Le fonctionnement du cerveau pourra se modifier sous l’effet des produits: il privilégiera dans la prise de décision la partie plus impulsive, basée sur l’émotion, face à la partie plus rationnelle, qui pèsera le pour et le contre d’une action avant de la réaliser et il intégrera progressivement, parfois rapidement, dans le circuit de la récompense et de la mémoire que le produit est un besoin plus essentiel que les autres.

    Dans l’abstinence, la volonté ne fait pas tout puisqu’il y a une grande part d’irrationnel. Et finalement, il est beaucoup plus difficile de se confronter à ses démons en y ajoutant les drogues comme soulagement éphémère plutôt que de s’attaquer aux problèmes de fond en amont de la consommation. Les prises en charge et accompagnements des personnes addictes sont longs et compliqués. Ces dernières s’acharnent des mois, voire des années, à retrouver leur vie d’avant, elles restent parfois marquées par l’addiction et par l’envie de consommer pour le reste de leur vie. La sexualité se voit entièrement remaniée, l’image corporelle (et de soi plus globalement) régulièrement d’autant plus altérée, et les problèmes de fond restent à résoudre.

    C’est peut-être aussi ce qu’il y a de comparable à l’infection VIH. Une addiction a peu de chances de guérir pour toujours, on l’empêche de se manifester avec un suivi régulier, on calme les envies de consommer en maintenant l’abstinence, mais elle garde un potentiel morbide. C’est une maladie grave qui nous tombe dessus avec la même dose d’irrationnel et que l’on doit prévenir avec le même acharnement.

    Pour autant, et c’est ce qu’il faut prendre en compte de manière fondamentale dans la mobilisation et l’abord des soins communautaires pour les chemsexeurs face à l’histoire militante contre le VIH, les usagers addicts sont pour beaucoup complètement démunis, ils attendent de nous de leur dire quoi faire, de les bousculer, d’être intransigeants car ils ont du mal à se mobiliser contre leur addiction. Sans le produit c’est le vide, ils ratent leurs rendez-vous, il faut retourner les chercher, s’obstiner à leur remontrer que même si le produit reprend le dessus, le reste –et parfois il n’y a plus que le soin– est toujours là et ne mérite pas d’être délaissé. Le «rien pour nous sans nous» scandé depuis 1985 est beaucoup plus compliqué à mettre en place lorsque le «nous» est dépassé par le produit. Et il faut de nouveau inventer.

    Quand je vois ce qui sort dans la presse, je ne peux m’empêcher de parler de ma réalité du terrain. J’ai lu notamment –mais il y en a eu d’autres avant lui ces derniers mois– le livre de Johann Zarca, dont le discours et l’interview croisée sur Konbini me donnent du fil à retordre: sortir le chemsex du contexte historique et social des hommes gays rend le phénomène sensationnaliste, donne aux regards hétéros sur la sexualité gay tout le pouvoir dans lequel les gays se débattent au quotidien. Le pouvoir de la façonner, de la définir, de lui donner un cadre de perception qui n’est pas notre référentiel. C’est toujours la même place laissée à la vision de la communauté gay comme hypersexuelle, dégénérée, jouant avec la maladie et la mort, pour le plaisir. Alors qu’il s’agit justement –au moins en partie– de vivre et survivre dans une société qui nous dessine à notre place. Et faire de la promotion là-dessus, vivre là-dessus, vendre un livre à 18 euros là-dessus me plante cette amertume qui me pousse d’autant plus à produire du soin.

    Il est temps de se sortir de ça, d’ouvrir les possibles pour les jeunes générations mais aussi pour les personnes plus âgées. On me dit souvent «Il est trop tard, je suis trop vieux pour faire de nouvelles rencontres, pour inventer de nouvelles relations», ce n’est pas vrai, il se passe des rencontres incroyables désinhibé par les produits, pourquoi pas sans? Quelles sont ces inhibitions? Et pourquoi sommes-nous perpétuellement frustrés et bloqués entre des histoires sans lendemain et l’espoir éternel de trouver l’homme de sa vie?

    Nous avons besoin de mobiliser le soin, de faire passer les savoirs, de désamorcer les vécus traumatiques, de prendre le temps, avec ces hommes, d’épanouir les affections.

    L’isolement provoqué ou amplifié par les confinements, le couvre-feu et le télétravail est venu s’immiscer dans des parcours fragiles. L’envie de consommer est d’autant plus présente et difficile à faire passer lorsqu’on est seul, lorsqu’on s’ennuie, lorsqu’on ne fait plus de sport et qu’on reste à la maison toute la journée, plus ou moins angoissé par la situation sanitaire. Nous ne comptons plus le nombre d’hommes gays dont les parcours ont créé, enclenchés aux mesures gouvernementales, un mécanisme redoutable et tragique.

    Ces personnes ont commencé à consommer parce que le confinement était insupportable. Parce que vivre une rupture avec la famille ou l’entourage, être déjà en situation de précarité financière, sociale, ou encore simplement porter des traumas ou micro-traumas répétés sont des obstacles terribles à l’adaptation que nous a demandé le confinement. Ne plus pouvoir se projeter dans le futur, ne plus pouvoir mettre en place de moment de soulagement, plus léger, puisqu’il fallait revenir à «l’essentiel» et être contraint de se retrouver avec soi-même était déjà une condamnation. Nous ne pouvons plus attendre que des études nous prouve cette réalité. Il y a déjà assez de données dans les pays anglo-saxons pour réagir. Nous avons suffisamment conscience, sur le terrain, de l’iceberg qui se dessine par le discours des hommes gays qui émerge sur ces derniers mois.

    Nous savons déjà que rien ne se règlera par le jugement, la pitié ou la fascination et que nous avons besoin de mobiliser le soin, de faire passer les savoirs, de désamorcer les vécus traumatiques, de prendre le temps, avec ces hommes, d’épanouir les affections.

    S’il y a un point positif dans tout ça, c’est que la prise de conscience que ça ne va pas mène à la consultation et aux accompagnements par les pairs. Si nous voyons ces personnes, si elles émergent, c’est aussi qu’elles se tournent plus vers le soin. Mais nous ne pouvons plus attendre, il faut que les médecins puissent assouplir les règles du confinement et du couvre-feu au cas par cas, dans le principe de la balance bénéfices/risques pour les personnes les plus vulnérables aux mesures gouvernementales, pour les personnes qui s’enfoncent dans leurs troubles psychiatriques, leurs détresses psychologiques, leurs addictions ou leurs usages nocifs de produits psychoactifs.

    Il faut accentuer la prévention et la réduction des risques, notamment dans les consultations PrEP et VIH qui sont le meilleur moyen d’atteindre les gays consommateurs de produits psychoactifs en contexte sexuel. Il est urgent que les médecins qui suivent des hommes gays se forment. Et nous avons besoin d’un plan national de formation et de communication.

    Il est tout aussi urgent de mobiliser plus largement et plus intensément toutes les associations LGBT+ et de lutte contre le sida sur ces questions. Il faut utiliser notre réseau de soin communautaire. Et il faut faire émerger urgemment l’impact des mêmes mesures spécifiquement dans chacune des autres minorités.

    Et pour cela il y a besoin d’argent et de moyens humains. Il y a une lutte directe contre le Covid, mais il faut aussi financer la lutte contre ses conséquences.

    Enfin, à plus petite échelle, si on partage ce type d’infos pour les rendre plus visibles, cela permettra peut-être d’alerter les politiques, les médecins généralistes et infectiologues, les associations et de provoquer des réactions. Nous avons besoin de plus de prises de parole et d’actions plus concrètes, ce sont des vies entières qui sont à reconstruire, ce sont des morts par overdose qui risquent de se multiplier. Et nous ne faisons pas assez.

    Thibaut Jedrzejewski est médecin généraliste au 190, centre de santé sexuelle, et à Gaïa Paris. Il travaille principalement sur les addictions et la santé gay. Il parle ici en tant que soignant et en tant qu’homme gay.

    article paru sur Slate

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